mercredi 4 mars 2009

Compte rendu du groupe de travail sur la précarité au MAP

Un message que j'ai essayé d'envoyer à l'ensemble des contractuels d'enseignement du MAP sans succès puisque les fonctionnalités de la boite mail google m'a planté les 2 tiers des envois....

Cette lettre faisait suite à une réunion pour un groupe de travail sur l'emploi précaire au Ministère présidé par Mme Pascale MARGOT-ROUGERIE, chef de service chargé des ressources humaines au secrétariat général.

Grâce au blog, je remet en circulation cette lettre afin que ceux qui n'y ont pas eu accès puisse lire les informations qu'elle contient.

Bonne lecture

" Bonjour à tous,

Je suis Jérôme COGE, enseignant ACEN EPS, animateur du collectif des précaires du Ministère de l'Agriculture et de la Pêche (MAP) et représentant syndical SYAC CGT aux commissions de reclassement des contractuels.

Certains d'entre vous me connaissent car ils sont déjà membres du collectif, d'autres parce qu'ils sont mes collègues de travail et encore d'autres car je les ai aidés à plaider leur cas face au ministère.

Je me permets aujourd'hui d'écrire à l'ensemble des ACEN du MAP car je participais mercredi à un groupe de travail sur la précarité présidé par Pascale MARGOT ROUGERIE. Et j'estime que je me dois de vous faire part avant tout en tant que collègue ACEN de mes impressions.

La première a été que le ministère ne contrôle rien aujourd'hui sur la gestion de son personnel enseignant, et en particulier sur les futurs départs en retraite et sur les situations des ACEN.
Ma deuxième impression est plus un constat, le ministère n'a en aucun cas, quoi qu'en dise le ministre dans ses bons voeux, la volonté de résorber l'emploi précaire. Deux raisons à mon constat: aucune ligne budgétaire n'est prévue pour créer un plan de déprécarisation dans les années à venir et le ministère n'est pas capable aujourd'hui de fournir une liste complète du nombre de postes proposés aux concours et dans quelles disciplines.

Nous n'étions donc réunis que dans un seul but: discuter sur le rapport du CGAAER (Conseil Général de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Espaces Ruraux) que je vous mets en pièces jointes pour information afin que vous puissiez en prendre connaissance même si tout son contenu ne concerne pas l'enseignement (PJ1 rapport, PJ2 Annexes).
Les préalables cités plus haut, à une discussion avec le ministère n'étant pas réunis, nous n'avons pas souhaité entamer une discussion sur ce rapport dont bon nombre de propositions d'aménagement du statut contractuel sont contestables, pour ne pas dire toutes!

Je me permets d'écrire à titre personnel plus en tant qu'ACEN et en tant qu'animateur du collectif des précaires qu'en tant que représentant syndical, car si la colère l'a emporté sur la déception mercredi face à cette attitude des représentants du ministère, c'est l'inverse aujourd'hui!

Le seul point positif qui ressort de cette entrevue à mes yeux est l'exceptionnelle unité des 6 organisations syndicales (OS) sur ce sujet. Fait à marquer d'une pierre blanche car peu de sujets ont réussi à les réunir d'une seule et même voix! Je vous invite du coup à relire l'avis intersyndical (PJ3) que vous avez normalement déjà reçu concernant la position des 6 OS vis à vis de cette réunion et de ce rapport.

Si une réunion de ces 6 OS est prévue le 3 février pour se consulter sur les critiques à apporter à ce rapport du CGAAER afin de le critiquer d'une seule voix intersyndicale, il me semble important de vous alerter sur les quelques points les plus inquiétants!

En effet le ministère n'envisage que des concours internes ou externes, et non pas réservés comme le veulent les OS! Ce qui pose le problème d'une ouverture de ses concours à des personnes autres que les ACEN en poste depuis plusieurs années contrairement aux concours réservés.
Le ministère veut également proposer de ne pas maintenir au delà de six ans les ACEN échouant aux concours. Le problème est que si préparer un concours en assumant son travail d'enseignant correctement est déjà difficile, il l'est encore plus quand l'enseignant change chaque année d'établissement, d'équipe pédagogique, de lieu géographique, de logement,... sans parler de l'impact moral des conditions de vie familiale. De plus sur ce sujet, le flou reste sur la volonté de professionnaliser le concours puisque aucun détail n'est donné sur ce concept!
Autre point inquiétant, celui de limiter le recrutement de nouveaux ACEN, en privilégiant le recours aux vacations (intervention de professionnels, d'agents des services déconcentrés,..) dans les matières techniques; et en privilégiant le recours aux heures supplémentaires dans les matières générales. Ce qui aura bien entendu un impact sur les ACEN plus anciens avec les années et les baisses annuelles de DGH; et qui accentuera la division déjà existante entre titulaires et contractuels.
Point inquiétant supplémentaire, la mise en commun de statut et concours avec l'Education Nationale (EN) semble intéressante dans un premier temps mais à la condition de ne pas passer sous la tutelle de l'EN au profit des agents de celle ci. Certaines disciplines comme l'EPS voit déjà certains de leurs postes proposés aux mutations EN alors qu'aucun concours de déprécarisation n'existe sous quelque forme que ce soit pour les contractuels de cette discipline.

Vous le constaterez en prenant connaissance du contenu du rapport, ce ne sont que quelques unes de ses propositions honteuses!

Je sais qu'il est inutile d'accentuer la relation tendue entre titulaires et contractuels sur le sujet des mutations titulaires facilitées au mouvement par l'existence des contractuels. Mais force est de constater aujourd'hui qu'à peu d'exception près, la mobilisation des titulaires pour nous défendre est quasi inexistante! Même si bon nombre d'entre eux ont été dans notre situation auparavant! Heureusement certains nous soutiennent activement mais combien sont ils?

Je sais aussi que notre quotidien familial et financier est de plus en plus difficile d'année en année, mais ce n'est pas en laissant se pérenniser la précarité au Ministère de l'Agriculture que les choses s'arrangeront.
Bien entendu on peut faire ce que j'ai moi même fait pendant des années, attendre en serrant les fesses que le temps passe, avec ce mal de ventre chaque année en juin de savoir si on va se faire prendre notre poste, et en soufflant quand c'est le collègue contractuel d'une autre matière qui saute!

Mais j'ai personnellement fini de manger mon pain blanc, quitte à être viré un jour, je veux me battre! C'est pour cela que quelques uns d'entre nous , nous sommes réunis et avons créé le collectif des précaires! C'est aussi pour cela que j'ai fait le choix personnel d'intégrer un syndicat et d'en devenir militant!

Chacun est libre de choisir son attitude, mais je crois de plus en plus que notre peur d'être sanctionné si nous faisons grêve ou si nous manifestons notre mécontentement parce que nous sommes contractuels n'est plus justifiée!
Je crois qu'ils ont trop besoin de nous pour fonctionner, preuve en est que 459 néo contractuels ont encore été recrutés en septembre 2008 avec les problèmes de contrat et de versement de salaires dont nous sommes tous au courant.
Je crois aussi que de toute façon se taire n'empêche pas d'être obligé un jour ou l'autre de muter de force dans un autre établissement!

Je crois aussi que nous sommes plus de 1400 ACEN enseignement toutes structures scolaires du ministère confondues, ce qui représente un chiffre considérable!
Je crois que personne mieux que nous ne peut choisir à notre place de nous battre!

Nous pouvons manifester jeudi 29 janvier!
Si financièrement faire grève est impossible, nous pouvons négocier avec nos collègues titulaires qui feront grève pour qu'ils viennent bloquer l'entrée de l'établissement afin que l'administration ne puisse définir qui est gréviste!
Et je suis sûr que beaucoup d'actions sont encore possibles......... à la condition de redresser la tête, de sortir de cette solitude fataliste dans laquelle ce statut nous enferme! Il est sûr que l'on n'est jamais aussi malléable que lorsque l'on croule moralement sous les difficultés!

Au delà d'essayer de vous motiver à vous rebeller jeudi 29 janvier, je vous invite également à faire vivre le blog des précaires (http://precaires-ministere-agriculture.blogspot.com/) en témoignant anonymement ou non de la précarité de votre situation, de vos difficultés professionnelles, financières et familiales,...
Ce blog n'a pas pour vocation de servir d'exutoire mais bel et bien de servir prochainement d'exemple en donnant des cas concrets des difficultés quotidiennes que nous connaissons tous dans des interventions auprès des médias, des politiques, du ministère...!

Je vous présente mes excuses car je n'ai pas fait évoluer le blog depuis le 8 décembre. Si mon actualité familiale m'en a empêché, je ne reçois malheureusement plus de témoignages.
Et pour moi ne plus recevoir de témoignages signifie que le fatalisme reprend le dessus sur l'envie de faire changer les choses.
Je viens pourtant d'être contacté par le blog des précaires de la recherche publique (http://www.collectif-papera.org). Preuve supplémentaire que nous ne sommes pas seuls à chercher à nous battre contre ce statut précaire.

Chers collègues faisons changer les choses!
Ce ne sera ni simple, ni facile, ni rapide.... Mais si nous sommes décidés à réagir ensemble, nous avons plus à gagner qu'à nous taire!

Jérôme

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